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Diversité en TI: Entrevue avec Gabrielle Botbol

Cheerful gay pride and lgbt festival

Car nous souhaitons toujours promouvoir la diversité en TI, nous avons saisi l’opportunité d’échanger avec Gabrielle Botbol, une femme lesbienne travaillant dans la cybersécurité afin de jaser inclusivité d’orientation sexuelle, de genre mais aussi d’intersectionnalité. 

Historiquement et même récemment, les milieux technologique et informatique étaient et sont toujours majoritairement masculin. Reflet du changement, de plus en plus d’efforts sont entrepris par différents acteurs du milieu pour rendre les STIM plus inclusives: associations, groupes d’entraide, événements … Toutes ces initiatives participent à rendre le sujet de la diversité moins tabou dans cette industrie. Car même si c’est un milieu traditionnellement hétérogène(qu’on parle de diversité de genre, d’orientation sexuelle , d’origine ou de religion), les femmes et personnes de la communauté LGBTQ+ ont elles aussi participé.es à faire de la tech ce qu’elle est aujourd’hui.

À l’occasion de la Pride de Montréal, nous avons voulu donner la parole à une personne issue du milieu technologique québécois s’identifiant à la communauté LGBTQ+ : Gabrielle Botbol, consultante en sécurité offensive chez Desjardins depuis 2021. En effet, il est important pour nous de montrer que la diversité est toujours vecteur de progrès.

De l’art dramatique à l’informatique, deux milieux aux antipodes l’un de l’autre

Gabrielle s’identifie comme une femme lesbienne. De la génération milléniale, elle a grandi en France dans les années 90 à 2000, où la diversité de sexualité et de genre était encore très tabou. Quand elle finit son lycée, elle se lance dans des études en arts dramatiques et théâtre car à l’époque la pression familiale lui fait comprendre que le milieu technologique n’est pas fait pour les femmes et que ce n’est pas une carrière envisageable pour elle.

Quelques années passent et Gabrielle décide de s’éloigner un peu de la France pour 1 an avec un Permis Vacances Travail (PVT). Elle raconte “Vers ma vingtaine j’ai décidé de faire un PVT à Montréal qui m’a permis de faire un travail d’introspection et m’a poussé à reprendre des études en informatique à mon retour en France.”
C’est cette opportunité de prendre de la distance couplée à un nouvel environnement cosmopolite qui ont poussé Gabrielle à faire ce travail d’introspection qui à son tour l’a amené à trouver le milieu dans lequel elle s’épanouit maintenant.

À son retour en France, elle entreprend donc des études dans le milieu informatique. On est dans les années 2010 et comme on peut l’imaginer les cohortes d’étudiant.es sont peu diversifiées. Dans ses deux classes, Gabrielle se retrouve ainsi parmi les deux seules femmes, pour 30 hommes.

“L’une de mes promotions était plutôt tolérante mais l’autre était plutôt raciste, misogyne et homophobe. C’était un moment assez difficile pour moi car je suis juive et j’ai eu des blagues sur les camps de concentration. Ou le fait que les femmes sont nulles en informatique, c’était du quotidien. Donc oui on peut dire que les cohortes d’informatiques (en France) manquaient de diversité.”

Un manque de diversité qui se traduit donc par une intolérance ambiante: qu’il s’agisse de genre, d’orientation sexuelle et même de religion. Ce genre de situation fait aussi très bien ressortir l’importance d’avoir une approche intersectionnelle lorsque l’on parle de diversité.

Mais ces récits datent d’une dizaine d’années, qu’en est-il de nos jours?  

Par le biais de son travail, Gabrielle côtoie toujours des élèves en informatique, plus spécifiquement en cybersécurité. Mais cette fois-ci c’est en tant que formatrice qu’elle fait l’expérience de la formation en TI. Elle donne des “workshops” et des conférences, le plus souvent pour des adultes ou des personnes en reprise d’études et remarque une plus grande diversité que lorsqu’elle était en formation. Elle raconte notamment une anecdote: “Récemment, j’ai animé un workshop pour l’Université de Toronto qui fait du continuing study (reprise d’études) et je fait toujours des quiz pour voir ce que les gens retiennent et les deux personnes dans le top étaient deux femmes, donc ça m’a fait super plaisir.”

Si on peut penser que cet échantillon n’est pas représentatif de la réalité en parcours universitaire classique, il témoigne tout de même d’un intérêt pour la cybersécurité qui transcende les clichés. Un pas de plus en direction de l’inclusivité. De plus, d’après Gabrielle, le milieu de la cybersécurité ici au Québec est plutôt inclusif, en comparaison au secteur du développement d’application en France, l’autre milieu dans lequel elle a travaillé.

Mais si les STIM sont rarement des milieux diversifiés, ce n’est pas ça qui a démotivé Gabrielle, au contraire même. Le fait d’être très souvent la seule femme de son équipe l’a plutôt motivé à s’investir dans des communautés de femmes dans la cybersécurité.

“Avant de partir j’ai lancé un chapitre de Women of Security à Paris, on allait à des meetups, des conférences en cyber et on a fait le Spying Challenge à la conférence Le Hack à Paris et notre équipe de femmes a gagné, j’étais trop contente.
En arrivant ici (à Montréal), j’ai fait des workshops pour le chapitre montréalais de Women of Security (maintenant appelé Cyber Aegis), c’était vraiment enthousiasmant de voir la mobilisation des femmes en cyber dans une ville comme Montréal qui veut être leader de la cybersécurité dans le monde!” nous raconte Gabrielle.

Entre France, Pays-Bas et Québec: le tabou de la diversité en TI

Entre ses expériences en France et à Montréal, Gabrielle a aussi eu la chance de travailler aux Pays-Bas. Très autonome et indépendante, elle s’autoforme à la cybersécurité et décide de faire un stage. C’est là que l’opportunité de travailler dans une entreprise hollandaise se présente. Elle trouve un stage dans une entreprise engagée socialement: Radically Open Security. Proposant des tests d’intrusion pour tous les budgets, l’entreprise s’engage à réinjecter 90% des profits dans la communauté. Toutes ces expériences différentes aux Pays-bas, en France et au Québec ont permis à Gabrielle de comparer les différents environnement et leur relation à la diversité et la communauté LGBTQ+.

Elle raconte “ Au Pays-Bas ils sont très ouverts à la communauté (LGBTQ+) donc pour eux c’est un non-sujet, mais dans le bon sens. En France, comme on disait, ça reste tabou, je pense souvent à la période des manifestations contre le mariage pour tous ou on a vraiment senti la haine et la violence de certains partis politiques et aussi de beaucoup de personnes. Et puis au Canada, comme je te disais, je me sens vraiment bien, je me sens vraiment à l’aise.”
Des environnements très différents donc, avec des regards sur la diversité assez éloignés. Ces approches divergentes se retrouvent également dans le milieu professionnel.

Au Canada, Gabrielle n’a jamais eu besoin de faire un réel coming out. Elle explique “Depuis que je travaille dans la cybersécurité c’est quelque chose que je dis assez rapidement et ça s’est toujours très bien passé, surtout dans ma nouvelle entreprise”. En effet, le sujet de l’orientation sexuelle est tellement normalisé ici à Montréal qu’elle a simplement pu le mentionner au cours d’une conversation, sans aucun trouble.

Des entreprises s’engagent pour la diversité? Desjardins l’a fait.

Par ailleurs, il semble qu’au Canada, les entreprises s’engagent plus à devenir plus inclusives avec des actions concrètes et en se fixant des objectifs de diversité. Par exemple, Desjardins, où travaille Gabrielle, a été reconnue parmi les meilleurs employeurs pour la diversité au Canada en 2021. Parmi les actions entreprises par la compagnie, Gabrielle se souvient d’un événement auquel elle a pu participer: “Une fois on a eu un événement qui je crois s’appelait Brain Date et on avait toutes la possibilité de discuter avec des gens, du fait du COVID c’était vraiment cool car on pouvait quand même rencontrer des gens. Tu prenais rendez-vous avec des gens qui proposaient des sujets qui t’intéressaient, c’était organisé en partenariat avec Desjardins.”.

Des efforts d’inclusivité et de diversité qui ne se limitent pas à la communauté LGBTQ+, sur le site internet de Desjardins, une section entière est dédiée à l’inclusivité: des femmes, des minorités visibles, des jeunes, de la communauté LGBTQ+ bien sûr mais aussi des personnes neurodivergentes et handicapées. Un engagement intersectionnel assumé que l’on retrouve encore rarement dans les entreprises de cette envergure en France.

Même si de nombreux efforts sont faits ici au Québec, un long chemin reste encore à parcourir pour que le milieu des STIM devienne réellement inclusif et diversifié. En parallèle des initiatives entreprises par les compagnies, des associations telles que Out In Tech ou Lesbians Who Tech permettent aux personnes de la communauté LGBTQ+ de se retrouver dans des groupes dédiés. Gabrielle souligne d’ailleurs qu’elle aimerait voir plus d’initiatives de ce genre au Québec et surtout à Montréal, car elles restent souvent uniquement du côté anglophone du Canada.

En résumé

Les milieu des STIM, plus précisément le milieu de la technologie, manquent encore de diversité en tout genre. Même si ces domaines sont toujours majoritairement masculin, des progrès notables sont faits en direction d’un monde technologique plus inclusif. C’est grâce à des personnes engagées, comme Gabrielle, et des initiatives telles que celles entreprises par Desjardins ou Out in Tech que les choses bougent.

Et vous, quel genre d’initiatives pour la diversité en TI aimeriez-vous voir dans le milieu au Québec et ailleurs?

Un gros merci à toi Gabrielle pour ton temps et ton engagement pour défendre les droits des femmes et des personnes issues de la communauté LGBTQ+.


À Propos de Nexxo

Nexxo Solutions informatiques est une entreprise qui se spécialise dans la prestation de services informatiques et technologiques auprès des entreprises québécoises. Sa mission est d’offrir aux entreprises québécoises des services informatiques adaptés à leurs besoins. En agissant comme un département T.I. externe, elle prend en charge toutes les tâches informatiques d’une entreprise pour lui permettre de se concentrer sur ses activités d’affaires. Elle y arrive en collaborant étroitement avec ses clients et en mettant leurs intérêts au centre de ses préoccupations.

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