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Optimiser ses opérations d’affaires avec l’Internet des Objets: entrevue avec le Professeur Ygal Bendavid

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L’IoT, Internet of Things ou Internet des Objets en français est une tendance technologique qui se répand de plus en plus. Le terme est inventé par Kevin Ashton en 1999, mais c’est dans les années 2010 que l’IoT gagne réellement en popularité et entre dans le vocabulaire des consommateurs. D’ailleurs, en 2015, le cycle de l’évolution de l’intérêt pour les nouvelles technologies (Technology hype cycle) pensé par Gartner estime l’adoption généralisée de cette technologie à 5 ou 10 ans. 7 ans plus tard, on peut dire qu’on est très proche de l’adoption généralisée, la technologie gagne encore et toujours en popularité.

Ygal Bendavid, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), spécialisé dans l’Internet des Objets et directeur du Laboratoire IoT, nous a accordé de son précieux temps pour en discuter.

Commençons par définir ce qu’est l’IoT 

Pour le grand public, cette technologie est souvent égalée aux objets connectés, Monsieur Bendavid explique: “Souvent les gens vont dire que l’Internet des Objets ce sont les objets connectés. Et on va penser à un téléphone, une tablette, mais en réalité, tous les objets peuvent être connectés. Le sweat que vous avez, la bague que vous portez, n’importe quoi peut être un objet connecté.”.

Si on prend la définition de l’International Telecommunication Union, l’Internet des Objets c’est “une infrastructure globale pour la société de l’information, permettant des services avancés en interconnectant les choses (physiques et virtuelles) sur la base des technologies de l’information et de la communication interopérables existantes et en évolution ». Le professeur, lui, définit l’IoT est un concept où chaque objet physique (vivant ou non) est équipé de technologies lui permettant de communiquer, automatiquement, en temps réel, avec son environnement (physique et logiciel) pour gérer ses propres transactions.

Cela peu paraître compliqué dit comme ça, mais plus simplement, le professeur explique de l’IoT utilise différentes technologies, parfois très petites, attachées à un objet pour lui permettre de communiquer avec son environnement. En fait, beaucoup d’objets de notre quotidien utilisent cette technologie, par exemple votre carte OPUS, les bicyclettes BIXI ou encore les véhicules Uber.

“ La technologie est devenue transparente pour l’utilisateur. ”

Ygal Bendavid

L’IoT pour optimiser les opérations d’affaire 

Vous l’aurez compris, la technologie IoT va bien au-delà des objets connectés, tels que les enceintes, lampes ou aspirateurs connectés que nous utilisons au quotidien. Cette technologie est utilisée dans de nombreux domaines professionnels, notamment les milieux manufacturiers, hospitaliers, et même commerciaux. Mais beaucoup d’entreprises étaient encore en mode “wait and see”, comme l’a dit monsieur Bendavid, avant 2020, qui une année catalysatrice à l’adoption de beaucoup de nouvelles technologies dans les milieux professionnels.

Mais comment cette technologie est-elle utilisée en milieu professionnel?

Étant dans le milieu de la recherche universitaire, monsieur Bendavid est témoin de nombreuses utilisations différentes de l’IoT. Par exemple, dans le milieu manufacturier, la technologie est utilisée pour compenser le manque de main d’œuvre, améliorer la performance et la productivité en monitorant leurs machines pour suivre en temps réel leur production. Beaucoup d’entreprises qui travaillent en mode “hot-desking” utilisent l’IoT pour avoir une visualisation en temps réel de la gestion de leurs espaces afin de pouvoir mieux les gérer.
Enfin, le professeur nous parle de l’exemple concret des milieux hospitaliers, ou il a beaucoup travaillé: “ Pour la gestion des uniformes médicaux pendant la pandémie, on a implanté un système de gestion des uniformes en temps réel pour savoir qui a pris quel uniforme de façon à diminuer les inventaires d’uniformes, mais aussi à minimiser les contaminations. On fait ça en mettant des tags RFID sur les uniformes.”

Mais si on peut avoir l’impression que l’implémentation de cette technologie est réservée aux grandes entreprises qui ont de gros budgets technologiques, en réalité, même des PME peuvent en bénéficier. Le professeur explique d’ailleurs que le gouvernement investit beaucoup pour pousser les PME à adopter ce genre de technologies afin de devenir plus compétitives. En effet, ces technologies sont aujourd’hui démocratisées et même une boutique qui souhaiterait avoir une idée des espaces les plus fréquentés par les clients peuvent utiliser l’IoT pour le comprendre, avec un système Bluetooth. Monsieur Bendavid explique que c’est quelque chose d’assez basique et qu’avec les standards qui ont été établis et la modularité des technologies, tout est possible et surtout accessible, même pour les petites entreprises.

La recherche universitaire: une opportunité en or pour l’adoption de nouvelles technologies en entreprise

D’ailleurs, le Laboratoire IoT de l’UQAM joue un rôle important dans l’accompagnement à l’adoption technologique des entreprises. Pour eux, “L’idée est exactement celle-là: recevoir des entreprises et leur montrer ce que sont toutes ces technologies, le laboratoire en utilise beaucoup puisqu’on a recréé des environnements (magasins, etc) ou les entreprises travaillent avec nous. […] On fait du prototypage pour certains projets, mais souvent on a même pas besoin d’en faire parce que les solutions sont déjà là, il suffit de guider les entreprises vers les solutions technologiques qui leur correspondent. C’est du transfert d’expertise vers le marché, mais aussi du marché vers nous.”

Grâce à la recherche universitaire et aux projets d’étudiants à la maîtrise, il est possible pour tout type d’entreprises de recevoir un accompagnement pour leurs projets technologiques, c’est une collaboration qui profite à toutes les parties prenantes: le côté universitaire se charge de la recherche et de trouver les partenaires technologiques, tandis que l’entreprise finance la technologie, l’infrastructure, le matériel et permet aux étudiants de travailler sur le terrain, sur un projet concret. PME, grande entreprise, secteur privé ou public, c’est une très belle opportunité de partage et d’apprentissage pour toutes les parties impliquées.

L’enjeu cybersécuritaire de l’IoT 

Bien que l’adoption de la technologie IoT aux opérations d’affaires se démocratise, il ne faut pas oublier l’enjeu cybersécuritaire. Car le risque est présent pour les entreprises mais aussi pour les utilisateurs, en effet, Monsieur Bendavid l’explique bien: “Avec les objets connectés, chaque objet peut constituer une porte d’accès à un système”, et ça, les hackers en ont bien conscience. C’est pourquoi il est important de sécuriser l’entièreté du système technologique, « La force d’un système se mesure à son maillon le plus faible » et il ne suffit que d’une faille pour que les problèmes surgissent. Même pour les consommateurs, il est important de considérer cet enjeu lors de l’achat d’objets connectés, car les cybercriminels ne ciblent plus uniquement les grandes entreprises privées. Ils s’attaquent d’ailleurs aussi au secteur public, plusieurs failles sécuritaires de ces secteurs ont d’ailleurs fait la une des journaux dans les deux dernières années.

Monsieur Bendavid cite d’ailleurs une statistique effrayante: “95% des objets connectés sont mal protégés”. Pour faire face à ces menaces, de plus en plus d’entreprises spécialisées dans la protection des systèmes IoT voient le jour et proposent notamment des protections pour les particuliers, chez qui le nombre d’objets connectés ne fait qu’augmenter. Le professeur est d’ailleurs de plus en plus sollicité pour des formations spécialisées en cybersécurité de l’IoT, cette hausse de demande témoigne donc bien que l’enjeu cybersécuritaire gagne du terrain, autant chez les particuliers que dans le monde professionnel.
En revanche, il ne faut pas envisager cet enjeu comme un frein à l’adoption de ces technologies, en effet, Monsieur Bendavid précise que si la cybersécurité a un coût, “Il y a aussi un coût de ne pas les intégrer, on ne peut pas se permettre de prendre un retard technologique.”

Bien que l’adoption de la technologie IoT
Des conseils pour l’intégration de l’IoT dans les PME

L’intégration de nouvelles technologies aux opérations d’affaires peut être très intimidante pour des petites entreprises, mais en étant bien préparé, il est tout à fait possible d’intégrer des technologies novatrices à ses processus. Le premier conseil donné par le professeur de l’UQAM est “d’avoir un système de gestion de base solide”. Qu’il s’agisse d’un ERP, d’un système de gestion intégré ou encore d’un système de gestion du stock. Il prend notamment l’exemple de PME qui ont grossi et qui au fur et à mesure de leur croissance vont acheter un système de finance – comptabilité, puis gérer d’autres processus sur Excel, d’autres sur Access, ou encore utiliser des systèmes maison, jusqu’au jour où il devient difficile de gérer ce puzzle et ou le système risque de briser. Monsieur Bendavid souligne vraiment l’importance d’avoir un système de gestion de base très solide, car l’IoT est une couche en plus, qui vient se rajouter par-dessus. Si on veut que l’IoT – ou tout autre technologie, vienne ajouter de la valeur à l’entreprise, il faut qu’elle puisse s’implanter sur une base solide.

Par contre, monsieur Bendavid précise également qu’une base solide peut se construire en parallèle d’une démarche d’amélioration technologique. Il est possible d’utiliser des technologies IoT parallèles, qui peuvent être mises en place tout en continuant la démarche d’amélioration technologique qui viendra renforcer le système d’affaires central sur durablement. En effet, il existe des solutions IoT «stand alone» très intéressantes.

Enfin, l’autre conseil que donne le professeur, c’est qu’il ne faut pas considérer l’IoT comme la panache des grosses entreprises, on le disait plus haut, les technologies sont aujourd’hui démocratisées et il y en a pour tous les budgets.

“Si on souhaite faire un projet à 1 million, on peut, si on souhaite faire un projet à 10 000, on peut aussi. Et il faut surtout pas rester en mode « wait and see », il faut commencer à toucher à ça parce qu’il y a un énorme potentiel et rien que le temps d’apprendre, d’essayer, de faire un petit projet pilote, de voir ce que ça fait et ce que ça ne fait pas, le jour ou on va se lancer dedans, il y aura 1 an et demi qui sera passé.”

Ygal Bendavid

En conclusion, lancez-vous!


À Propos de Nexxo

Nexxo Solutions informatiques est une entreprise qui se spécialise dans la prestation de services informatiques et technologiques auprès des entreprises québécoises. Sa mission est d’offrir aux entreprises québécoises des services informatiques adaptés à leurs besoins. En agissant comme un département T.I. externe, elle prend en charge toutes les tâches informatiques d’une entreprise pour lui permettre de se concentrer sur ses activités d’affaires. Elle y arrive en collaborant étroitement avec ses clients et en mettant leurs intérêts au centre de ses préoccupations.

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